Transcription de l’interview de l’ancien colonel Himmler Rébu sur Métropole Télé
Comme annoncé, le Canada a tenu sa promesse en déployant dans les eaux territoriales haïtiennes deux navires de la Marine royale canadienne de la classe Kingston en réponse à la demande d’aide. Pour commenter ce fait, nous avons avec nous ce soir par visioconférence le Colonel Himmler Rebu.
Bonsoir Colonel, bonsoir Serge et bonsoir à tous.
Question : Allons droit au but : en quoi cette initiative canadienne est-elle importante ou non, et qu’est-ce que cela peut nous apporter en termes de sécurité ?
Absolument rien. Le Canada est dans son élément, totalement dans son plan. Il avait d’abord envoyé le CP 140, qui est un avion spécifique pour les problèmes liés à la mer et qui a pour caractéristique technique de pouvoir sonder les fonds marins. Cela n’a pas effrayé les bandits, au contraire. Quant au peuple haïtien, il n’a rien ressenti comme support à l’action de cet avion. D’ailleurs, on avait dit que l’avion avait pour objectif d’embêter les gangs et d’apporter un support moral au peuple haïtien.
Le Canada a envoyé des navires dans la continuité de l’action initiale. Tout naturellement, ce sont des appareils dont les caractéristiques techniques visent à sonder les fonds marins et qui sont spécifiques aux problèmes liés à la mer. Très certainement, des plongeurs vont sonder les fonds marins qui les intéressent. Ils vont s’occuper de leur propre problème plutôt que des problèmes liés à la sécurité en Haïti. D’ailleurs, depuis la mise en place de leur dispositif, on a remarqué que les actes de banditisme se sont multipliés. De nombreuses parties du territoire qui n’étaient pas concernées par l’action des bandits le sont maintenant. Il y a également beaucoup plus de population à l’intérieur des quartiers de Port-au-Prince qui sont en fuite devant les espaces occupés par les bandits. Enfin, il y a une multiplication des enlèvements, soit de 10 à 15 par jour, un peu partout sur l’aire métropolitaine du territoire.
Je ne vois donc pas en quoi on pourrait croire que ce qui se passe dans les eaux territoriales conduit par les Canadiens pourrait avoir un effet quelconque sur le problème qui nous préoccupe.
Question : Est-ce que vous pensez dans ce cas que cela peut avoir un rapport avec la lutte contre le trafic de drogue ?
Je ne peux pas le deviner. Je sais que les moyens techniques utilisés par le Canada sont liés à des problèmes qui n’ont rien à voir avec ce qui se passe sur le terrain en Haïti, à moins qu’ils ne disent ou fassent autre chose.
Oui bon ok bon, on sait que le Canada traîne les pieds depuis le début lorsque le gouvernement haïtien a fait sa demande d’assistance militaire et internationale pour renforcer la PNH dans sa lutte contre les gangs. Les États-Unis ont initialement refusé et ont voulu transmettre la responsabilité aux Canadiens, mais le Canada ne semble pas prêt. Oui, nous leur avons acheté des véhicules blindés, mais ils ont mis du temps à les livrer. En général, êtes-vous en faveur de cette intervention militaire internationale pour soutenir la PNH?
Je ne peux pas être en faveur de quelque chose qui n’existe pas.
Question : Non, mais si on vous demande, êtes-vous prêt à soutenir une telle initiative? Quelle est votre position?
Mais ce n’est pas nécessaire et cela ne se fera pas. C’est un problème qui traîne depuis le 7 octobre 2022, lorsque le Dr Ariel Henry, se cachant derrière ses ministres, a appelé à une occupation militaire d’Haïti. Mais les actions militaires ne sont pas entreprises sur un coup de tête ou par envie d’agir. Elles sont généralement étudiées et planifiées car une action militaire comporte toujours des risques. Les politiciens, pour tromper, mentir ou parfois de bonne foi, s’envolent dans des déclarations. Je me souviens d’une députée qui avait déclaré que les troupes seraient en Haïti le 10 janvier, mais elle parlait d’un sujet qu’elle ne maîtrisait pas.
Actuellement, étant donné les conditions en Haïti et les données sur le terrain, il n’y a qu’une seule possibilité pour que des forces étrangères, américaines ou canadiennes, interviennent en Haïti, et ce serait dans le cadre d’une opération de dissimulation. Ils pourraient, par exemple, envoyer deux à trois mille soldats qu’ils répartiraient sur le territoire haïtien, mais je sais qu’ils ne le feront pas. Je pourrais essayer de mener une telle opération, qui consisterait à envoyer deux ou trois mille soldats pour s’occuper des routes et donner l’impression que la circulation des personnes et des biens est rétablie. Cela donnerait à la population le sentiment que la sécurité est rétablie et leur permettrait de se concentrer sur les élections. Mais même une telle opération est extrêmement difficile car il n’y a pas de risque zéro. Les actions que nous observons en Haïti ne sont pas le fait de simples bandits. Il s’agit d’actions hautement techniques, de quadrillage et d’occupation de territoires avec une force nouvelle et une orientation nouvelle, dans cette phase d’étranglement qu’ils ont choisi de mettre en place après avoir encerclé la baie de Port-au-Prince. Les Américains ne viendront pas, ni les Canadiens, simplement parce que le risque zéro n’existe pas et qu’ils ont des données qui l’expliquent. Tant qu’ils ne sont pas absolument sûrs de ne pas perdre un seul soldat sur le territoire haïtien, ils ne viendront pas physiquement.
Question : Bon, vous venez de lâcher une bombe pratiquement atomique, mon Colonel. Donc, quand vous dites que ce qu’on appelle les bandits ne devraient pas être appelés des bandits, comment faut-il les appeler ?
Écoutez, les bandits sont des individus malhonnêtes qui cherchent de l’argent et qui posent des actes contre la population civile. Mais ici, nous sommes en présence d’une série de groupes de personnes qui mènent des actions d’évacuation de population et d’occupation d’espace territorial. Cela a commencé il y a plus de deux ans à Martissant, puis s’est étendu à d’autres endroits comme la Croix des Bouquets, Canaan et la Route 9.
Ce ne sont pas des actions de banditisme, mais plutôt des actions décidées et inspirées par des stratèges qui maîtrisent l’art militaire.
Himmler Rébu
Question : Il s’agit donc des soldats d’une espèce de cerveau maléfique qui auraient des visées, parce que comme vous l’avez dit, cela a commencé à Martissant et ailleurs ?
Je ne connais pas le projet, mais je constate des faits. Il y a une manière de décoder ces faits et de les comprendre. L’accélération des kidnappings ces jours-ci a deux explications. D’une part, c’est pour renforcer leur système logistique, et d’autre part, c’est pour répondre à la peur de certaines personnes impliquées de près ou de loin dans ces activités. Il y a des gens qui cherchent à se faire de l’argent rapidement pour arranger leurs affaires personnelles, car elles sont impliquées dans l’infrastructure globale. Il y a également les sanctions qui ont été prises, qui ont entraîné une raréfaction de l’approvisionnement en moyens économiques. L’accélération des kidnappings est donc une réponse classique aux sanctions, ainsi qu’aux inquiétudes liées à des événements qui peuvent survenir. Ils sont en avance sur l’infrastructure gouvernementale, car on ne peut pas dire aujourd’hui qu’il y a un État qui existe. Sinon, nous aurions vu les gens du gouvernement tenter quelque chose. Je ne leur demande pas de réussir, mais tant et aussi longtemps que nous sommes responsables, nous pouvons essayer des solutions. Mais ils n’ont rien essayé du tout.
Par exemple, lorsque nous parlions des blindés qui ont été commandés au Canada, l’ambassadeur du Canada nous avait très bien dit que nous avions commandé des véhicules de transport de troupes, et il avait dit clairement que ces véhicules ne pouvaient en aucun cas nous aider à résoudre le problème de terrain que nous avons. Il l’avait dit. Donc je ne vois pas pourquoi nous voulons nous leurrer et nous faire des illusions. Premièrement, nous avons acheté quelque chose qui ne convenait pas. Deuxièmement, nous avons acheté quelque chose qui ne nous a pas été livré. Ensuite, le commerçant qui nous a vendu ces véhicules nous a dit clairement que cela ne pouvait pas résoudre notre problème. Et pourtant, nous insistons à croire qu’ils peuvent venir résoudre notre problème. C’est grave.
Question : Essayons d’aller un peu plus loin, Colonel. Selon vous, qui est derrière ce plan macabre ?
Je ne peux pas le savoir, il faudrait poser la question aux États-Unis et au Canada, car ce sont eux qui ont identifié les personnes impliquées dans le trafic de drogue, qui nous disent avoir identifié les personnes en relation avec les criminels en Haïti, qui ont volé des biens et déposé l’argent dans leur économie. L’ambassadeur du Canada nous a même révélé que les biens volés en Haïti et placés sous scellé ne seront pas remis à Haïti. Je crois donc que nous sommes face à des éléments complices en Haïti qui ont travaillé pour le Canada et les États-Unis, qui ont volé des biens en Haïti et les ont placés dans l’économie américaine et canadienne.
Le minimum de valeur morale voudrait que le Canada mette sous scellé les biens de ces personnes et les retourne à la République d’Haïti. Ils nous ont clairement dit qu’ils ne nous remettraient pas ces valeurs et qu’ils travailleraient avec nous dans l’humanitaire pour nous donner deux ou trois millions de dollars. Nous sommes donc dans l’illusion.
Donc, si je vous suis bien, Colonel Rébu, vous êtes en train de nous dire que nous sommes en pleine zone de non-droit avec des gouvernements étrangers qui s’approprient des biens qui devraient revenir à l’État haïtien. Dans le cas du Canada, ce non-droit a été dénoncé par certains organismes de défense des droits humains, affirmant qu’un pays étranger ne peut pas sanctionner des citoyens haïtiens sans apporter la preuve de leur culpabilité, malgré leurs demandes.
Dans ce cas précis, la situation que nous vivons nous rappelle qu’il n’y a pas de gouvernement en Haïti. Des gens sont peut-être en position de pouvoir, mais normalement, c’est aux autorités haïtiennes d’enquêter et de chercher à savoir qui a violé ou non les lois en Haïti. Lorsque des dénonciations sont faites par un gouvernement étranger, toutes les règles prévues exigent que le gouvernement local soit informé et dispose des dossiers pour mettre en accusation les personnes concernées. Jusqu’à présent, le Canada et les États-Unis se contentent de rumeurs et de dénonciations publiques, car on ne peut pas porter de telles accusations contre des individus sans leur donner le minimum, à savoir le droit de se défendre.
Les États-Unis ont pris certaines précautions en ne dévoilant pas les noms des personnes concernées, car ils ont des lois en la matière. Cela nécessite toutefois que les personnes mises en accusation soient documentées et que les gens aient la possibilité de se défendre. L’État haïtien doit également avoir accès aux documents d’accusation, car ce sont des crimes qui ont été commis sur le territoire haïtien.
Comme il n’y a pas de gouvernement en Haïti, il y a des esclaves qui ont choisi l’esclavage mental.
D’abord, ils ont choisi de se décharger des responsabilités après lesquelles ils ont été placés, car lorsqu’on met en place des ministres et des premiers ministres, notre premier devoir est de protéger la population.
Face au désarroi de la population, la seule initiative prise par ceux qui sont en position de gouvernement est de crier au secours et de demander de l’aide. Nous sommes tous dans le ridicule depuis plus de trois mois, et le 9 octobre, deux jours après que j’ai publié un texte pour dire que les Américains n’allaient pas venir, que la communauté internationale n’allait pas intervenir en Haïti, ce n’était pas parce que j’avais fait un rêve. Trois mois plus tard, nous sommes toujours dans cette situation. Un dossier qui était au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU est maintenant au niveau de l’OEA, qui est tombé au niveau de la Caraïbe.
Pendant ce temps, les États-Unis n’ont pas cessé leur commerce d’armes et de munitions vers Haïti. Le Canada continue de geler les biens appartenant aux Haïtiens, donc cela nous donne le sentiment que ce sont des pays qui ont envoyé quelqu’un pour faire leur travail à leur place. Les gens qu’ils accusent ont été leurs serviteurs. Ce sont des gens à qui ils ont permis d’arriver dans des positions de pouvoir de manière frauduleuse. Ils étaient de faux sénateurs, de faux employés dans les cabinets des ministres, de faux ministres. Finalement, ce sont des employés de ces pays qui ont volé, de faux présidents aussi, qui ont déposé ce qu’ils ont volé chez eux. Ils sont donc des partenaires. Maintenant, la souffrance du peuple haïtien ne préoccupe pas le Canada et les États-Unis.
Je crois donc qu’il est extrêmement léger de croire que ces pays-là, qui profitent du désordre en Haïti, viendraient encore casser leur propre business.
Moi, je ne vois pas encore comment, et ce que nous avons ici est seulement un problème de gouvernance. Qu’est-ce qui peut expliquer que les États-Unis et le Canada continuent à vouloir garder un homme accusé de possible participation dans l’assassinat d’un président de la République comme Premier ministre?
C’est donc quelqu’un qui travaille pour les États-Unis et le Canada dans le désordre généralisé dont la population est victime.
Question : Comme je le disais tout à l’heure, colonel, vous avez largué plusieurs bombes de très gros calibre cet après-midi. Mais revenons un peu en arrière, vous aviez commencé par dire qu’il n’y avait pas besoin d’une intervention militaire et que nous étions capables de régler cette question nous-mêmes. Croyez-vous vraiment que la PNH soit en capacité aujourd’hui de faire face à tous ces gangs qui ne cessent de se multiplier de Martissant à la Croix des Bouquets, en passant par Canaan, et maintenant Laboule avec Petit Macaque, et encore Fort Jacques avec Vittelhomme ? Croyez-vous vraiment que la PNH a la capacité en termes de matériel et d’hommes pour faire face à ces gangsters qui détiennent des armes de guerre ?
Évidemment que non, mais la Police nationale d’Haïti fait tous les jours le travail pour lequel elle est préparée et entraînée. La police fait ce qu’elle peut faire, ce qu’elle sait faire et elle le fait tous les jours. Pour cela, il faut leur tirer un grand coup de chapeau, car non seulement ils risquent leur vie, mais parfois ils la perdent. Il faut vraiment leur témoigner du respect.
J’ai beaucoup de respect pour les policiers que je vois et que je rencontre dans la rue en uniforme aujourd’hui en Haïti. Absolument, ce sont des gens qui, ne serait-ce que porter l’uniforme et être dans les espaces publics, prennent un risque. Ce sont des sacrifiés. La Police nationale d’Haïti n’a pas le soutien du gouvernement, car celui-ci ne leur donne pas les moyens et le matériel pour faire le travail qu’ils savent faire. Le gouvernement ne peut pas prétendre ne pas savoir, car cela fait combien de mois que je dis qu’un problème de territorialité ne peut être résolu que par des militaires. Et c’est parce qu’ils en sont conscients qu’ils ont demandé une intervention militaire. Mais ils n’ont pas demandé un renforcement de la structure militaire en Haïti, et c’est la seule solution.
Les étrangers ne viendront pas.
Himmler Rébu
D’ailleurs, vous avez vu comment ils se sont amusés avec la patate chaude. Ils jouent à la balle, car ils ne peuvent pas venir. Ils ne viendront pas. Maintenant, est-ce qu’il faut laisser le problème sans solution ? Non. La première chose à résoudre, c’est le problème de gouvernance.
Si les gens qui sont aujourd’hui Premier ministre ne sont pas des criminels, ils sont au moins des incompétents absolus ou des gens qui ont un mépris total pour la souffrance de la population. Dans les trois cas, ils ne sont pas à leur place.
Maintenant, c’est un problème de gouvernance. D’ailleurs, l’infrastructure économique qui fait rouler cet argent énorme des kidnappings, cet argent énorme pour l’achat des armes et des munitions, vous pensez vraiment que ce sont les gens que vous appelez les bandits dans les rues qui gèrent tout cet argent ? Évidemment que non, mais si vous posez la question aux États-Unis et au Canada, ils pourront vous répondre. Le poisson pourrit toujours par la tête.
Les problèmes auxquels la population est confrontée aujourd’hui sont des problèmes qui se produisent au niveau de l’État, au plus haut sommet de l’État. Entre ceux qui dirigent l’État et les criminels nationaux et internationaux impliqués dans le trafic d’argent, c’est le problème que vous vivez dans les rues. Ce problème ne se trouve pas dans les rues, mais au sommet de l’État, par action ou par omission. Par conséquent, tant que nous ne changeons pas de gouvernance, nous ne pourrons pas résoudre ce problème. Mais comme je l’ai dit tout à l’heure, il y a un spectacle qu’ils peuvent donner, on peut créer la sensation que la sécurité est rétablie pour pouvoir avoir un faux CEP. D’ailleurs, nous avons déjà une fausse cour de cassation, illégale sur toutes les coutures, que n’importe quel étudiant en droit en deuxième année devant un tribunal normal peut faire annuler toutes les décisions prises par des gens qui ont été illégalement nommés.
Maintenant, est-ce que nous allons faire partie de ceux qui se plaignent sans proposer de solutions ? Non, ce n’est pas mon tempérament.
Himmler Rébu
Il faut, dans ce désert juridique créé par le président Jovenel Moïse, parce qu’il y avait des conseillers qui lui avaient fait croire que la République pouvait être dirigée uniquement par des décrets, un congrès où les forces nationales se réunissent, tant sur le plan social que politique et économique, pour élaborer une feuille de route et des décisions dans chaque domaine. Dans le domaine de la justice, de la sécurité et des renseignements. Pouvez-vous imaginer un pays où la personne responsable de la gestion des renseignements est inconnue ? Comment un pays peut-il vivre sans infrastructure de renseignement et de contrôle ? Les gens au pouvoir ne sont pas des imbéciles, ils savent très bien ce qu’il faut faire.
J’ai rencontré le Premier ministre, et il ne peut pas dire que je mens, car je lui ai dit tout ce qu’il devait avoir comme infrastructure organisationnelle pour faire face à la situation. Cela fait presque deux ans. Il a fait des choix en fonction de cela qui devaient lui donner ou non l’autorisation d’agir en faveur de la population. Il a choisi d’agir contre les intérêts de la population, et c’est un choix criminel qui n’est pas accidentel. Ariel Henry est quelqu’un de très politique, et il a fait des choix. Les gens qui sont assassinés, les gens qui se font voler leurs biens, leur propriété, leur économie, tout cela est de la responsabilité du Dr Ariel Henry et de ses ministres.
Ce sont des gens qui ont décidé d’imposer cette souffrance à la population, pour quelle raison, je ne sais pas encore, probablement pour pouvoir faire une mise en scène pour garder le pouvoir et se protéger ensuite avec un autre pouvoir criminel venu des urnes.
C’est ce qu’on nous promet : on remettra le pouvoir à des élus.
Il n’y a pas une seule condition pour qu’on puisse réaliser des élections, je ne parle même pas de bonnes élections, mais d’élections tout simplement. Le projet est donc de garder la population dans cette souffrance morale, dans cette angoisse et d’arriver à mettre d’autres coquins en place. D’ailleurs, on en a trouvé pour les placer à la Cour de cassation. Le système judiciaire est en train d’être perverti pour amener ces juges là où on veut, dans un temps futur.
Nous avons déjà vu cela avec un juge qui avait affaire à un gangster legal. Il lui a dit : “Va et ne refais plus cela…” C’est ce type de juge que l’on veut avoir pour pouvoir effacer toutes les tribulations, tous les torts, tous les massacres, tous les assassinats qui ont été commis sous le commandement de ces gens qui sont au pouvoir.
Question : Quelques mots de conclusion, Colonel Rébu ? On vous écoute.
Je crois qu’il faut aujourd’hui tenir compte de l’appel lancé par le professeur maître Osner Fevry, lors du congrès national où tous les dossiers de l’État seront discutés avec une réorientation de la nation. Pour le problème de l’insécurité qui est un fléau imposé à notre pays, il doit être résolu par les forces nationales avec le support technique des États-Unis et du Canada. Le niveau atteint par la situation demande des décisions techniques dont Haïti ne dispose pas pour le moment. Si les États-Unis et le Canada veulent vraiment aider, ils devraient rencontrer les techniciens haïtiens capables de courir le risque de mettre en danger leur vie pour résoudre ce problème. Beaucoup d’entre eux ont été préparés par l’État haïtien, ils ont donc le devoir aujourd’hui de faire ce sacrifice.”