La situation politique en Haïti est plus que jamais tendue. La récente lettre de l’ex-Premier ministre Gary Conille adressée à son père a mis en lumière de nombreux points sensibles concernant la gestion actuelle du pays. À travers cette lettre, M. Conille dénonce des pratiques inquiétantes qui gangrènent les institutions publiques et qui, selon lui, portent atteinte à la souveraineté du pays. Cette déclaration soulève une question cruciale : que peut-on attendre du Conseil présidentiel après de telles révélations ? Faut-il céder toute la place à Guy Philippe, et surtout, comment le peuple haïtien peut-il reprendre en main son destin ?
La corruption qui gangrène les institutions publiques
L’une des premières préoccupations soulevées par Gary Conille dans sa lettre est la corruption qui mine les institutions publiques du pays. De la Police nationale d’Haïti (PNH) au Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), les institutions censées garantir la sécurité et le bien-être des citoyens sont profondément affectées par des pratiques corruptrices. Selon Conille, la moitié des membres de la PNH seraient impliqués dans des activités criminelles liées aux gangs, ce qui compromet gravement l’efficacité de la police et la sécurité des citoyens. Une telle situation rend encore plus difficile l’instauration de l’ordre et de la paix dans le pays.
Le phénomène de corruption n’est pas limité à la police, il touche également d’autres secteurs stratégiques comme l’administration publique et la gestion des fonds internationaux. Le gouvernement haïtien, déjà fragilisé, semble avoir perdu tout contrôle sur les structures censées réguler et maintenir l’ordre dans le pays.
Le rôle ambigu de la communauté internationale
Gary Conille a également souligné le rôle controversé de la communauté internationale dans le pays, en particulier à travers le Conseil présidentiel transitoire (CPT), qui, selon lui, serait manipulé par des intérêts extérieurs. Cette organisation, qui a pour mission de gérer la transition politique et d’organiser des élections, se voit accusée de n’être qu’un instrument des puissances étrangères, sans véritable pouvoir décisionnel. Conille dénonce ainsi l’incapacité de la communauté internationale à tenir ses promesses, notamment en matière d’assistance au développement et de soutien à la démocratie en Haïti. Le peuple haïtien, selon lui, ne peut plus se fier aux engagements internationaux qui n’ont que trop souvent été oubliés ou ignorés.
Le Conseil présidentiel doit-il céder sa place à Guy Philippe ?
Face à une situation de plus en plus chaotique, certains se demandent si le Conseil présidentiel, tel qu’il est actuellement composé, est encore légitime ou capable de gérer le pays. Guy Philippe, un ancien chef de guerre et figure controversée de la politique haïtienne, est souvent évoqué comme une alternative. Mais est-ce vraiment la solution ? Faut-il remettre le destin du pays entre les mains de personnages aux antécédents douteux et aux méthodes brutales ? La question est complexe. Si Guy Philippe a une certaine légitimité auprès de certains segments de la population, sa réputation, marquée par ses liens avec des groupes armés et son implication dans diverses activités illégales, pourrait nuire à toute tentative de réconciliation nationale.
Le peuple haïtien doit-il se lever pour prendre son destin en main ?
La situation actuelle semble donc mener à une impasse. Le peuple haïtien, épuisé par des décennies de gouvernements inefficaces et corrompus, doit-il se lever et prendre en main son destin ? Conille appelle à une prise de conscience collective. Selon lui, les dirigeants actuels, souvent décrits comme des “sanguinaires” ou des “suceurs de sang”, ne servent que leurs propres intérêts et non ceux du peuple. Les citoyens doivent se débarrasser de ces imposteurs, qui se cachent derrière des costumes de politiciens respectables, mais qui, en réalité, sont les marionnettes des gangs et des puissances étrangères.
Les élections honnêtes et crédibles : un vœu pieux ?
Une autre question brûlante est celle des élections. Le pays a connu plusieurs scrutins entachés de fraudes et de violences. Le Conseil présidentiel, censé organiser des élections libres et transparentes, semble incapable de remplir cette mission. Il est de plus en plus évident que la mise en place d’élections honnêtes et crédibles dans le contexte actuel est un vœu pieux. Les institutions chargées de superviser ces élections, telles que le Conseil électoral provisoire, sont décriées par une large part de la population, qui les considère comme des instruments au service du pouvoir et des intérêts étrangers.
Faut-il chasser les “chefs de gangs déguisés en hommes politiques” ?
Enfin, une autre revendication exprimée par Gary Conille est que le peuple haïtien se lève contre ceux qu’il appelle des “chefs de gangs déguisés en humains”, des individus qui ont infiltré les plus hautes sphères du pouvoir. Ces dirigeants, selon Conille, ne cherchent qu’à protéger leurs propres intérêts et à entretenir un système de violence et de corruption. Pour y mettre fin, il faudrait que le peuple haïtien prenne une position ferme, allant jusqu’à chasser ces individus des institutions où ils se sont installés.
Une urgence de changement
Le message de Gary Conille, même s’il est radical, reflète une réalité qui ne peut plus être ignorée : Haïti est dans une crise profonde et il est urgent que le peuple haïtien, avec le soutien des forces vives du pays, prenne le contrôle de son avenir. La corruption, la violence, et l’incapacité des institutions à répondre aux besoins fondamentaux du peuple doivent être combattues avec détermination. Le Conseil présidentiel, si sa légitimité continue de se déliter, doit céder la place à un processus plus inclusif et véritablement représentatif des aspirations du peuple. Mais cela ne se fera pas sans un changement de mentalité et un engagement collectif à mettre fin à l’impunité et à la corruption qui détruisent le pays.
Le peuple haïtien doit se lever pour exiger un avenir meilleur, un avenir où la dignité humaine et la justice prévaudront sur l’oppression et l’injustice qui gangrènent aujourd’hui son quotidien.