Dans une déclaration marquante, Roody Sanon, un analyste politique reconnu, a exprimé ses inquiétudes quant à la nomination de Gamall Augustin au sein du Conseil présidentiel de transition (CPT). Selon Sanon, Augustin, qui a été impliqué dans la gestion de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH) en 2014, serait aujourd’hui à la tête d’une commission censée enquêter sur les dysfonctionnements ayant affecté cette même institution.
Il faut rappeler que, sous la direction de Gamall Augustin en 2014, la TNH a connu une gestion financière catastrophique. En effet, des dépenses excessives ont été engagées, culminant à hauteur de 500 000 dollars américains pour des équipements matériels. Cette situation a non seulement contribué à la mise à mal de l’image de la chaîne, mais a également exacerbé la crise au sein de la télévision publique haïtienne, une institution déjà fragilisée par des problèmes structurels et budgétaires.
Aujourd’hui, dans un contexte de réformes et de redressement, le CPT a décidé de créer une commission d’enquête pour faire la lumière sur cette mauvaise gestion qui a gravement impacté les finances publiques. Cependant, l’ironie de la situation est que Gamall Augustin, l’un des principaux responsables de cette débâcle, fait désormais partie de cette commission. Une telle décision suscite l’incompréhension et le scepticisme au sein de la population haïtienne, qui se demande comment une personne ayant joué un rôle aussi crucial dans cette gestion déplorable pourrait être chargée de mener l’enquête sur elle-même et sur ses éventuelles erreurs.
Pour Roody Sanon, cette nomination est d’une incohérence frappante. Il souligne que permettre à quelqu’un qui a, de manière directe, contribué à la mauvaise gestion de la TNH d’enquêter sur cette même période semble relever de l’absurde. Comment Gamall Augustin pourrait-il être impartial et objectif dans une enquête qui pourrait le mettre lui-même en cause ? Sanon considère cette décision comme une erreur de jugement qui pourrait compromettre la crédibilité de la commission et de toute enquête qui en résulterait.
Ce choix met également en lumière une question plus large sur les mécanismes de gouvernance et de responsabilité dans le pays. Est-il raisonnable de laisser une personne mise en cause dans un scandale de gestion de fonds publics participer activement à une commission dont l’objectif est de clarifier et d’évaluer ces mêmes faits ? En laissant Gamall Augustin dans cette position, le CPT prend-il le risque d’envoyer un mauvais signal à la population sur sa volonté réelle de lutter contre la corruption et la mauvaise gestion ?
Pour les observateurs de la scène politique haïtienne, cette décision ne fait qu’ajouter à la longue liste de décisions controversées et parfois incompréhensibles prises par les autorités de la transition. Une situation qui, selon certains, pourrait davantage nuire à la transparence et à la confiance du public qu’à restaurer la crédibilité des institutions de l’État, la nomination de Gamall Augustin au sein de la commission d’enquête soulève des interrogations légitimes. Une telle situation invite à une réflexion plus profonde sur les pratiques de gouvernance, sur la nécessité d’assurer une véritable indépendance et transparence dans les enquêtes publiques, et sur la façon de rendre justice dans un contexte où les responsables d’erreurs passées sont parfois appelés à juger eux-mêmes leurs actions.