Le nouveau juge d’instruction en charge de l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse, Me Merlan Belabre craint pour sa sécurité. Plus d’une semaine après sa désignation, le magistrat a publié une note écrite à la main : « Je constate que l’Exécutif et le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire m’ont livré, avec ma famille, aux assassins et aux kidnappeurs. Dix jours après m’avoir confié le dossier, ils n’ont pris aucune disposition pour assurer ma sécurité et celle de ma famille. L’Etat haïtien sera tenu pour responsable si quelque chose m’arrive ainsi qu’à mes collaborateurs ».
Dans un premier temps le pouvoir avait laissé entendre que cette note pourrait être un faux. Mais elle a été authentifiée par le responsable de l’Association professionnelle des magistrats qui s’est entretenu avec le juge et qui a confirmé : « Il m’a dit qu’on n’avait mis aucun moyen à sa disposition pour conduire l’enquête et il estime que cette situation met sa vie en péril. Avec cette note, il a voulu prendre l’opinion publique à témoin. ». Le responsable de l’APM en tire la conclusion qu’il n’y a pas une réelle volonté de la part du pouvoir en place de faire la lumière sur l’assassinat de Jovenel Moïse.
Par ailleurs, la juge Annie Fignolé du Tribunal de Première instance de Port-au-Prince a échappé de justesse à une attaque armée dans la commune de Delmas. Des projectiles ont atteint sa voiture qui a terminé sa course dans un mur. L’Association nationale des magistrats haïtiens proteste vigoureusement contre cette nouvelle attaque directe contre le système judiciaire du pays.