Le peuple haïtien est depuis longtemps victime d’une spirale d’appauvrissement et de corruption alimentée par des dirigeants qui semblent indifférents à leurs souffrances. Dans un pays où l’instabilité politique et économique est devenue une norme, l’affaire de la Banque Nationale de Crédit (BNC) enflamme une nouvelle fois le débat sur la gestion des affaires publiques et la responsabilité des élites politiques et économiques.
Affaire BNC /
Le 3 décembre dernier, la justice haïtienne a pris une décision marquante dans l’affaire de la Banque Nationale de Crédit (BNC). Trois figures politiques et économiques du pays, les conseillers-présidents Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire, ont été formellement inculpés par le juge chargé du dossier, Benjamin Felismé. Ces derniers sont désormais sous le coup de mandats émis par ce magistrat. Leur inculpation fait suite à des accusations graves liées à la gestion de la BNC, une institution financière centrale dans l’économie haïtienne.
Cette affaire est une illustration frappante de l’impunité dont jouissent souvent certains dirigeants dans le pays, mais elle montre aussi que, dans ce cas précis, la justice semble vouloir aller de l’avant pour faire toute la lumière. En effet, Louis Gérald Gilles avait déjà refusé de répondre à une convocation judiciaire le 19 novembre dernier. Cette attitude d’évitement a poussé les autorités à émettre des mandats de comparution contre les trois conseillers-présidents.
Les dates fatidiques
Les responsables de cette affaire ont désormais des dates à respecter. Louis Gérald Gilles doit se présenter devant le cabinet d’instruction le 9 décembre prochain. Emmanuel Vertilaire, quant à lui, devra se rendre au tribunal le 10 décembre, et Smith Augustin le 11 décembre. Ces dates marquent un tournant dans un dossier qui, pour beaucoup, est perçu comme un test pour la justice haïtienne, encore trop souvent critiquée pour sa lenteur et son manque de résultats.
Une justice sous pression
Si ces trois figures du pouvoir ne se présentent pas aux dates indiquées, le juge pourrait prendre des mesures plus sévères, notamment transformer les mandats de comparution en mandats d’amener. Ce scénario pourrait conduire à l’arrestation de ces individus, un développement qui ne manquerait pas de relancer le débat sur la corruption et l’impunité des élites politiques et économiques du pays.
Les Haïtiens, de leur côté, semblent de plus en plus désillusionnés par un système politique où la corruption semble omniprésente. Les affaires de détournement de fonds publics et de mauvaise gestion, comme celle de la BNC, contribuent à cette lassitude générale. Le peuple haïtien, déjà frappé par la pauvreté, l’insécurité et la crise économique, attend de la justice non seulement des décisions symboliques mais aussi des actions concrètes qui permettent de rétablir la confiance et de donner l’exemple à ceux qui se croient au-dessus de la loi.
L’affaire de la Banque Nationale de Crédit, avec l’inculpation de ces trois dirigeants, est un nouveau coup de tonnerre dans un pays où la corruption est devenue une plaie difficile à guérir. Les Haïtiens, las d’attendre des changements réels, espèrent que la justice pourra enfin briser le cercle vicieux de l’impunité. Mais face à un système défaillant et à des élites souvent protégées, la route vers un véritable changement reste semée d’embûches. Les prochains jours seront décisifs pour déterminer si, oui ou non, Haïti pourra entamer une nouvelle ère de responsabilité et de justice.