Ouagadougou – Il y a encore quelques années, l’idée même que le Burkina Faso puisse produire ses propres véhicules de combat semblait relever de l’utopie. Aujourd’hui, cette vision est devenue réalité. Moins de deux ans après son arrivée au pouvoir, le capitaine Ibrahim Traoré peut déjà inscrire à son actif une prouesse technologique et industrielle historique : la mise en service d’une usine nationale de fabrication de véhicules blindés, conçus et assemblés par des ingénieurs et techniciens burkinabè.
C’est dans la zone industrielle de Ouagadougou que l’on découvre ce site ultramoderne, discret mais effervescent, où s’activent quotidiennement des équipes entièrement locales. Ingénieurs, techniciens, ouvriers spécialisés… tous travaillent à la chaîne, sur des modèles conçus sur mesure pour répondre aux réalités du terrain sahélien. Résultat : un véhicule blindé à la fois robuste, maniable, et adapté aux conditions d’engagement des forces armées burkinabè.
Une réussite 100 % burkinabè
Ce projet, baptisé de manière confidentielle dans les premiers mois de sa conception, a pris corps grâce à une volonté politique affirmée de rompre avec la dépendance extérieure en matière de défense. Porté par une vision souverainiste, le président Traoré a misé sur l’intelligence et les compétences locales, en lançant un appel à la diaspora d’ingénieurs, ainsi qu’aux talents formés sur le sol national.
« Ce que nous avons réalisé ici, c’est la preuve que l’Afrique peut concevoir, fabriquer et maîtriser ses propres outils de défense », explique un ingénieur en chef du projet, qui préfère garder l’anonymat. « Nous avons travaillé dans des conditions difficiles, avec des moyens limités au départ, mais avec une détermination inébranlable. »
Un véhicule qui attire l’attention au-delà des frontières
Baptisé Touareg 1, le premier modèle sorti des chaînes de production est un véhicule blindé léger, au design angulaire et à la silhouette massive, conçu pour les terrains accidentés. Il peut transporter jusqu’à huit soldats, est équipé d’un blindage anti-éclats et d’un tourelleau télécommandé. Sa fabrication a été pensée pour permettre une maintenance locale, sans dépendance à des pièces importées.
Ce blindé a déjà été déployé sur certaines zones de front, suscitant un réel engouement parmi les unités militaires, qui saluent sa solidité et sa fiabilité. Lors des dernières journées de démonstration organisées par le ministère de la Défense, des délégations militaires de plusieurs pays africains ont fait le déplacement pour voir de leurs propres yeux ce que beaucoup considèrent comme un tournant technologique dans la région.
Un symbole de souveraineté retrouvée
Au-delà de l’exploit industriel, c’est surtout le message symbolique qui retentit : le Burkina Faso entend tracer sa propre voie. Dans un contexte de tensions géopolitiques, d’instabilité sécuritaire, et de relations parfois complexes avec les anciens partenaires étrangers, cette réalisation marque une volonté ferme de se réapproprier les leviers de sa défense.
« Le blindé burkinabè, c’est plus qu’un véhicule : c’est le reflet d’une nation debout, consciente de sa force, et décidée à écrire sa propre histoire », déclarait récemment un conseiller militaire proche de la présidence.
Vers une industrie de défense nationale durable
L’objectif à long terme, selon plusieurs sources au sein de l’état-major, est de structurer une véritable filière industrielle autour de la défense, capable non seulement de produire pour les besoins du pays, mais aussi d’exporter vers des États partenaires. Le Burkina Faso entend ainsi se positionner comme un acteur régional de la technologie militaire, avec une vision ancrée dans la souveraineté, l’autonomie, et la valorisation des compétences locales.
Alors que le pays reste confronté à des défis sécuritaires majeurs, cette avancée stratégique pourrait bien redessiner les équilibres et renforcer la résilience nationale. Et surtout, elle redonne espoir à toute une génération d’Africains convaincus que l’innovation peut aussi germer sur leur propre sol.