Alors que les États-Unis viennent d’inscrire les coalitions criminelles Viv Ansanm et Gran Grif sur leur liste officielle des organisations terroristes, le Réseau haïtien des journalistes anti-corruption (RHAJAC) se félicite d’une décision qu’il qualifie de « jalon historique dans la lutte contre l’impunité et la terreur ». Cependant, dans une déclaration aux accents cinglants, le réseau va bien au-delà de ce signal diplomatique fort : il met directement en cause certains membres du Conseil présidentiel de transition, les accusant d’entretenir des liens troubles avec les groupes armés responsables du chaos en Haïti.
Dans un communiqué au ton incisif diffusé en début de semaine, le RHAJAC fustige ce qu’il décrit comme une « complicité silencieuse mais active » entre plusieurs figures du pouvoir transitoire et les réseaux criminels récemment désignés comme terroristes par Washington. Selon le réseau, cette proximité n’est pas seulement idéologique ou circonstancielle : elle serait le fruit d’accords tacites, voire de collaborations opportunistes visant à préserver des intérêts politiques et personnels au détriment de la sécurité nationale.
Des accusations nommément adressées
« L’opacité avec laquelle certains membres du Conseil présidentiel mènent leurs activités, combinée à leur inertie face à la montée en puissance des gangs, ne laisse guère de doute sur la nature de leurs alliances », affirme le communiqué du RHAJAC. Le réseau soutient que des preuves indirectes, issues de sources sur le terrain et de témoignages croisés, tendent à montrer que certains conseillers auraient servi d’intermédiaires, de facilitateurs, ou tout simplement de protecteurs aux chefs de gang les plus influents.
Ces révélations jettent une ombre encore plus lourde sur la crédibilité d’une transition politique déjà minée par le manque de légitimité populaire et les divisions internes. Pour le RHAJAC, il ne s’agit plus simplement de dénoncer l’inaction, mais d’exiger que toute la lumière soit faite sur les responsabilités des autorités dans la perpétuation d’un climat de terreur généralisée.
Entre duplicité et inaction
Le réseau de presse dénonce un double discours de la part du Conseil présidentiel : d’un côté, des appels solennels au rétablissement de l’ordre et à la coopération internationale ; de l’autre, une complaisance, voire une connivence, avec les acteurs violents qui paralysent le pays. « On ne peut prétendre restaurer l’État de droit tout en s’asseyant à la même table que ceux qui l’ont méthodiquement démantelé », souligne le RHAJAC.
Selon ses membres, cette situation trahit une stratégie délibérée : entretenir le chaos pour retarder des échéances électorales qui mettraient fin à leur pouvoir provisoire et imposer de facto un statu quo favorable à certains intérêts économiques ou politiques.
Appel à l’action et à la vigilance internationale
Face à cette réalité alarmante, le RHAJAC appelle la communauté internationale, en particulier les Nations unies, la CARICOM et les partenaires bilatéraux d’Haïti, à ne pas se contenter de sanctions contre les gangs visibles, mais à élargir leur champ d’action vers ceux qui, depuis les sphères du pouvoir, alimentent et instrumentalisent cette violence.
Le réseau exige également la mise en place d’une commission d’enquête indépendante — incluant des observateurs internationaux — chargée de faire la lumière sur les connexions potentielles entre certains membres du gouvernement de transition et les organisations criminelles. Pour le RHAJAC, il est urgent de « briser le cercle vicieux de l’impunité politique » et de rétablir un minimum de confiance dans les institutions publiques.